Conflit d’intérêt à Chasternac

L’histoire que je vais vous conter a pour objet un litige survenu entre 2 habitants du village de Chasternac vers la fin du 18 e siècle et avant la révolution française de 1789.

L’origine de ce litige se situe au mois de janvier 1775 ; le 13 jour ou le dénommé Arnal Jean laboureur voulut passer par une charral qui longeait le jardin appartenant à Jean Joanny dit Lois pour aller dans sa terre appelée Lescure avec une paire de vaches et un char en vue de aller récupéré le bois qu’il avait coupé. Le dit Joanny Lois était survenu et s’était opposé à ce passage violemment et l’avait contraint de se retite en le menaçant que s’il s’avisait d’y passer davantage ; il lui couperait le col et les jambes.

Le sieur Arnal avait fait venir un huissier Jacques Chabanon de Salers lequel s’était transporté à chart le 25 janvier au domicile du sieur Joanny laboureur bouvier et lui avait assigné de comparaitre à une audience sous huitaine suivant l’ordonnance de Mr le Bailly de montagne d’Auvergne ou Mr le lieutenant général pour voir garder et maintenir le requérant dans sa procession de la dite terre de Lescure et pour la servitude de celle de sa possession de la dite servitude commune avec defuire au dit Joanny de ne plus l’y troubles aux peines de droit être même condamné à remettre  la dite vue en son état premier et défense de ne plus la fermer.

Ici, je me permets d’ouvrir une petite parenthèse pour vous situer le village de Chasternac à l’époque de ce litige.

La commune de Saint Bonnet qui est implantée sur une superficie de 3267 hectares comprenait à cette époque, 1791 habitants ; cent ans plus tard soit en 1885, cette population n’était que de 1022 habitants et encore sans ans plus tard en 1980 sa population n’est plus que de 505 habitants. Au dernier recensement de 1989 ou 90, elle est de 402 habitants.

Il est facile d’en déduire qu’à l’époque de notre litige, la population des villages était importante, les principales familles de Chasternac se dénommaient comme suit : famille Arnal dit Martinaire, Boucharel, Bourgheat, Delcher, Guillaume dit Miquet, Gilbert, Joanny, Lafarge, Martinart, Ralite, Rougier, Raymond, Sauran, Tible, Veyrière, Vigier, etc. Donc 16 familles et plus, ce qui représente sans doute, environ 200 habitants. Le village en comprend aujourd’hui 41.

La fameuse parcelle appelée Lescure appartenait à la famille Arnal, elle fut vendue à la famille Meallet vers 1900 et c’est sur cette parcelle que fut construite la maison Meallet et l’enclos situé derrière la maison s’appelle toujours Lescure.

En 1775 la route de Drugeac à Saint Bonnet et Salers n’existait pas dans son état actuel. Au bas du village, il y avait bien ce coudert endroit humide et marécageux, un chemin passait devant la maison Couderc qui était la maison Joanny et le chemin montait vers le bourg de Saint Bonnet devant chez Estorgues et aboutissait au communal à coté de la grange Rolland ou se situe maintenant cette salle de réunion.

La route qui monte par la croix de Chasternac et le cimetière n’existait pas. Le cimetière non plus Le terrain ayant été acheté à la famille Rolland en 1903 ou 1904.

(Délibération du CM en date du 06 12 1903 Garcelon, maire, 1800 frs pour 30ares)  

  Mais revenons à notre litige pour constater que l’audience devant le Bailli des Montagnes d’Auvergne de salers n’avait apporté aucun élément concret d’arrangement entre Joanny et Arnal. En effet à la requête de Jean Arnal, le 1er juin 1975, Jean Vidal, huissier à Salers s’est transporté au village de Chasternac pour assigner à comparaitre le 3 juin à l (hôtel de Mons Lesrier d’Espière, lieutenant Général au Baillage de Salers, de plusieurs habitants de Chasternac dont les noms suivent pour porter fidele et loyal témoignage de vérité et sur le litige existant entre Jean Arnal et Jean Joanny dit Lois.

Les témoins cités étaient :

Benoit Raymond, laboureur.

Michel Raymond, laboureur.

Jean Ralite, laboureur.

Catherine Rolland, veuve d’autre Jean Ralite.

Félix Raymond femme à Gérard Sauran.

Agnès Raymond fille à Benoit.

Obligation leur était faite de comparaitre le samedi 3 juin devant le lieutenant Général Lescure et d’obéir à cette ordonnance sous peine de dix livres d’amendes et l’huissier avait reçu 40 sols pour son transport à Chasternac.

L’audition des temoins, le samedi 3 juin devant le Lieutenant Général avait commencé par la déposition de Michel Raymond âgé de 5 ans passés, 1er bouvier de Pierre Alsac, fermier du comté de Sauveboeuf en son domaine sis au de Chasternac paroisse de Saint Bonnet ; lequel après avoir prêté serment fait par lui de dire la vérité, déclare que depuis son âge de raison, il a toujours vu le dit Jean Arnal ou ses auteur passer publiquement même avec des charrettes au bas du jardin du sieur Joanny pour l’exploitation de sa terre. Que dans une des extrêmes du dit jardin, il y avait une charral qui aboutissait à la terre d’Arnal et sur laquelle celui-ci passait avant que le dit Joanny eut mis l’emplacement de la dite charral dans son jardin, ce qu’il a fait le printemps qui a suivi ; que les bestiaux même domogéanssent par son jardin, il séparait le dit jardin de la dite charral par une cloison qui n’a été ôtée que ce printemps. Qu’il y a environ 15 ans ou 16 ans que le père du dit Joanny eut quelque altercation avec le père du dit Arnal au sujet de ce passage mais celui-ci continua de passer par la dite charral malgré cette altercation, qu’au fond de la dite terre d’Arnal il y avait une petite rue dont il pouvait se servir pour l’exploitation de sa terre. Mais qu’à la vérité, la dite rue est fort escarpée en un endroit et que pour que les bestiaux puissent le franchir, il faudrait enlever une gaye située sur le terrain et abattre en cette partie la muraille de sa terre et c’est tout ce qu’il a dit savoir. Lecture lui est faite de sa déposition et a déclaré qu’elle contient la vérité et qu’il y persiste. A déclaré ne pas savoir signer.

Benoit Raymond, âgé de 60 ans passés, laboureur du village de Chastrenac paroisse de Saint Bonnet ou il est demeurant, déclare que depuis qu’il a l’âge de raison, il a toujours vu passer même dans l’année avant le trouble, le dit Arnal ou ses auteurs avec les bestiaux et chariots pour l’exploitation de sa terre appelée de Lescure au bas du jardin du dit Joanny ou était une charral aboutissant à sa terre. Que le dit Joanny reparait son jardin de la dite charral par une cloison qu’il a ôtée le printemps pour mettre dans son jardin la dite charral. Que vu le milieu de la dite charral était une pierre qui traversait la dite cloison. Que le passage du dit Arnal a été sans trouble et public et c’est tout ce qu’il a dit savoir puis il a signé avec le greffier.

Jean Ralite âgé de 50 ans passés, laboureur du village de chartenac paroisse de Saint Bonnet de Salers ou il est demeurant dépose les faits contenus dans la sentence, que depuis environ 30 ans qu’il est habitant à Chastrenac, il a toujours vu même dans l’année avant le trouble passer le dénommé Arnal ou ses auteurs publiquement et sans être inquiété avec bestiaux et chariots pour l’exploitation de sa terre appelée Lescure par une charral étant au bas du jardin du dit Joanny. Que la dite charral et le dit jardin étaient séparés par une cloison ; Qu’il ignore si la dite cloison subsiste aujourd’hui et c’est tout ce qu’il dit savoir et a déclarer ne pas savoir signer.

Catherine Rolland âgée d’environ 60 ans, veuve de Jean Ralite laboureur du village de Chasternac paroisse de Saint Bonnet de Salers assigné é à la requête du dit Arnal par exploit de Vidal huissier, laquelle après serment prêté, elle jure de dire la vérité dépose sur les faits contenus en la dite sentence que depuis environ trente six ou trente sept ans qu’elle demeure à Chasternac, elle a vu plusieurs fois, le dit Jean Arnal ou ses auteurs passer publiquement et sans aucun trouble avec bestiaux et chariots pour l’exploitation de sa terre appelée de Lescure sur une charral étant à une  des extrémités du jardin du dit Joanny, que la dite charral était séparée du dit jardin par une cloison mais que comme elle demeure en haut du village, elle ignore si la dite cloison et charral subsiste aujourd’hui, que depuis environ 2 ans elle n’a pas vu le dit Arnal passer dur la dite charral n’ayant pas souvent occasion d’aller au leude la situation des jardins et terre et c’est tout ce qu’elle dit savoir et n’a pas su signer.   

Agnès Raymond âgée de 23 ans, fille de Benoit Raymond laboureur du village de Chasternac paroisse de Saint Bonnet ou elle est demeurant, laquelle après avoir prêté serment dépose sur les faits  contenus dans la dite sentence que depuis qu’elle a l’usage de la raison, elle a toujours vu le dit Arnal ou son père passer publiquement et jusqu’au jour du trouble avec bestiaux et chariots pour l’exploitation de sa terre appelée Lescure par une charral étant au bas du jardin  du dit Joanny et aboutissant à la dite terre que cette charral était séparée du dit jardin par une cloison par une cloison qui a subsistée jusqu'à ce printemps ou elle a été enlevée par le dit Joanny, qu’il y environ 2 ans que le dit Joanny en refaisant la dite cloison ôta une pierre buite qui traversait la dite cloison que cette pierre était d’une moyenne grosseur et qu’elle n’examina point si elle avait qu’elle marque où si elle était profondément dans la terre ou non. Et c’est tout ce qu’elle a dit savoir elle déclare ne pas savoir signer.

Hélix Raymond âgée d’environ 35 ans, femme a Gérard Sauran, cordonnier du village de Chasternac paroisse de Saint Bonnet ou elle est demeurant dépose sur les faits contenus dans la sentence que depuis son âge de raison elle a toujours vu jusqu’au jour du trouble, le dit Jean Arnal ou ses auteurs passer publiquement et paisiblement avec bestiaux et chariots pour l’exploitation de sa terre appelée Lescure par une charral étant à une extrémité du jardin du dit Joanny et aboutissant à la dite terre qu’une cloison séparait le dit jardin et la charral que le dit Joanny a ôté la dite cloison ce printemps.

Appel à Riom accord entre les parties à Salers le 28 janvier 1776. Remise en cause 28 ans après le litige par exploit d’huissier de Mauriac Taphanel du 21 prairial de l’an 13 premier de l’Empire soit le 21 mai 1804.