Waterloo
La dernière campagne
Le
contexte
Après la défaite de Russie1, Napoléon se retrouve en résidence surveillée sur
l’île d’Elbe2. Pendant ce
temps Louis XVIII3 est au
pouvoir. Il lui sera difficile de réconcilier la France de la Révolution et
celle de l’Ancien régime. Sur son île, l’empereur est informé de cette
situation et il prend la décision de débarquer le 26 février 1815 au Golf-Juan
(Var) afin de reprendre le pouvoir. Sur son parcours il retrouve un accueil
enthousiaste.Il rentre dans Paris le 21 mars 1815, le roi a fuit à l’étranger4. Les Anglais comme les
Prussiens ne veulent pas d’un nouvel Empire et le 12 mai 1815, une nouvelle
coalition se constitue au congrès de Vienne5.qui
déclare la guerre à la France. L’armée Anglaise est déjà stationner sur le sol
Belge, elle fera sa jonction avec l’armée Prussienne qui arrivera début juin6. A cette époque une partie
de l’armée Française est déjà
« occupée » en Vendée avec l’insurrection royaliste. L’Etat-major de
l’Empereur travaille jour et nuit mais ne peut réunir début juin que
170 000 hommes.
En
face l’armée alliée compte 240 000 hommes. Napoléon sait qu’il ne peut
attaquer l’ennemi dans son ensemble, il lui faut, soit préparer des positions
défensives (ce qui techniquement est la bonne solution dans un contexte
normal), soit prendre la décision le plus rapidement possible d’attaquer
l’armée prussienne avant qu’elle ne puisse établir sa jonction avec Wellington
de l’armée anglaise.
Napoléon
Louis XVIII
1) La
Campagne de Russie est relatée par Tolstoï et évoquée dans l’Ouverture 1812 de
Tchaïkovski. 2) Par le traité de Paris du 30 mai 1814, Napoléon reçoit comme
résidence, l’île d’Elbe. 3) Les émigrés rentrés avec Louis XVIII, commettent
beaucoup de maladresses qui exaspèrent l’opinion et en arrive à regretter
Napoléon. 4) Louis XVIII est en exil en Gand (Belgique) pendant toute la
période des « Cent-Jours ». 5) Le congre de Vienne déclare que
l’Empereur a rompu le traité de Paris, il le déclare « hors la loi ».
6) L’armée Russe ne peut intervenir que début juillet.
Chronologie de la bataille
L’Empereur va pénétrer en Belgique, il traverse la
Sambre à Charleroi en vue de se placer entre les deux armées ennemies.
-
Contre les Prussiens du feld-maréchal
Blücher, il envoie sur son aile droite le général Grouchy.
-
Contre les Anglais commandés par
Wellington, il envoie sur son aile gauche le maréchal Ney.
-
Le reste de l’armée est commandé par
Napoléon et se place au centre afin d’intervenir d’un coté ou de l’autre.
Cette tactique est employée dans toutes les armées, mais
elle ne peut réussir que si les différents corps sont synchronisés dans tous leurs mouvements
et prennent ainsi les décisions au bon moment.
Ney
attaque l’armée Anglaise, lui imposant une retraite vers le nord de la Belgique.
Pendant ce temps, Grouchy attaque les Prussiens en leur imposant un mouvement
de recul. Ainsi les deux armées ennemies ne pourront se rassembler et combattre
ensemble face à une armée française qui est en nombre inférieur.
Ci-dessous,
le plan d’attaque conçu par l’Empereur.
Les
Prussiens commandés par Blücher sont battus à Ligny le 16 juin7. Après un combat d’une
grande férocité et de nombreuses pertes dans les deux camps, les Prussiens
enfoncés en leur centre réussissent leur repli sur les ailes sans être
poursuivis. C’est seulement vers 11 heures que Napoléon charge Grouchy de les
poursuivre8.
7) Les Prussiens n’avaient engagé que trois corps,
le quatrième était en réserve à Liège. 8) Cet ordre arrive trop tard, Grouchy
est trop loin derrière.
Le général français Louis de Bourmont abandonna son
commandement, Napoléon l’accusa d’avoir révélé son plan à l’ennemi
Les Anglais commandés par Wellington9 résistent à Ney. Plus tard, on connaitra que l’armée
française ralentie par le mauvais temps est arrivée trop tard au
Mont-Saint-Jean (Waterloo), l’armée ennemi s’était préparée et s’était
retranchée dans les fermes de la région. Ainsi Ney10, se retrouva bloqué malgré ses différentes attaques.
Napoléon envoie une partie de ses troupes vers Ney pour
débloquer la situation et ainsi faire reculer les Anglais. Après plusieurs
heures de combats, la position Anglaise résiste toujours malgré les efforts des
Français.
Napoléon
recevant les informations du champ de bataille, va attendre plusieurs heures
avant de prendre la décision d’envoyer son armée vers Grouchy afin qu’il arrête
les Prussiens qui se dirigent vers les Anglais.
La
réalité du terrain
Les Quatre-Bras
Ce carrefour est et restera dans l’histoire, il est
le point d’intersection de la route de Nivelle à Namur et celle de Bruxelles à
Charleroi. Ce 16 juin, ce carrefour sera le test pour le maréchal Ney. Il doit
enfoncer les lignes Anglo-hollandaises de Wellington pour rejoindre Ligny. Le
début des combats démarre à 14h00 et se termine vers 21h00. L’armée française
n’a pas avancé d’un centimètre. Sur les 20 800 Français engagés, 4250 sont
disparus, tués ou blessés. Côté Anglais sur 35 000 hommes engagés, 4800
disparus ou tués10.
9) Wellington avait reconnu le terrain un an
auparavant. Un sacré avantage par rapport à Napoléon qui souffrant de cystite,
d’hémorroïdes et d’un ulcère à l’estomac avait du mal à se déplacer. 10) Ney
commettra l’erreur qui va engendrer la défaite,
il aurait du s’emparer de ce carrefour le matin même alors qu’il était
peu gardé.
NB : Le mot de Cambronne « merde »
dit aux Anglais lors de la bataille a été inventé le 24 juin 1815 par Michel
Balison de Rougemon, journaliste au Général de France.
Le même jour, Ligny tombe aux mains des Français. Malgré
son infériorité numérique, l’armée française attaque avec 71 000 hommes et
242 pièces d’artillerie. Dans les rues et les maisons, les soldats se battent
au corps à corps. Pas de quartier, pas de prisonniers ; depuis Iéna (1806)
et Paris (1814), Français et Prussiens se combattent. Ce 16 juin, la haine est
à son comble. Vers 17h30, la bataille devient un match nul. Alors napoléon
décide de lancer 30 000 hommes qu’il a gardé en réserve. Les Prussiens
vont reculer en bon ordre. En sept heures de combat Blücher a perdu 12 000
hommes avec plusieurs milliers de fuyards. Ses pertes totales seront de
20 000 hommes. De notre côté, on déplore 9 000 hommes hors de combat.
Napoléon a gagné la bataille de Ligny (la dernière) mais Ney est toujours
absent.
Le 17 juin 1815 sera la journée des occasions perdues.
Après la défaite des Prussiens à Ligny, de son côté Wellington prend la
décision de reculer vers Mont-Saint-Jean ou il va établir une nouvelle position
d’attaque. De sa position, il verra arriver l’armée Prussienne en renfort qui
une fois quitté Ligny se regroupe et se dirige vers lui. Napoléon recevra un
messager de Grouchy vers 2h00 du matin, lui indiquant que l’armée Prussienne ne
fuit pas mais se dirige vers les Anglais. L’Empereur ne prendra pas en
considération cette nouvelle et mettra plus de 8 heures pour donner l’ordre à
Grouchy de poursuivre Blücher11.
Dimanche 18 juin, la bataille définitive se déroule aux
environs de Waterloo. Le dispositif anglo-allié est positionné sur 3,5 km. 72 000
soldats sont répartis de Hougoumont à Papelotte et forme un arc de cercle avec
156 pièces d’artillerie. Wellington avait reconnu la position dès 1814, sa
tactique avait été rodée en Espagne de 1810 à 1813.
L’Empereur12
souhaite attaquer à 9 heures, mais l’artillerie et la cavalerie ne sont pas
encore parvenues sur leurs positions à cause du terrain gorgé d’eau. A 13h00, il
ordonne le début de l’attaque avec 75 000 Français et 270 canons. En face,
l’armée Anglo-alliés compte 72 000 hommes et 156 canons. Pendant la les
préparatifs de bataille, Soult, inquiet, supplie l’Empereur de faire revenir
les 32 000 hommes de Grouchy ; Napoléon refusera. Jérôme Bonaparte
lui rapporte que les Anglais prévoyaient un rendez-vous Anglos-prussien.
Napoléon haussera les épaules. A 17h00, ce 18 juin, les 24 000 Prussiens surgissent
sur le flanc droit des Français, la
surprise est telle que les soldats crient à la trahison car l’Empereur leur
avait promis Grouchy, la débandade commence.
Napoléon revient en
France, il arrive à Paris le 21 juin à 6 heures du matin. L’armée française
retrouvera un peu d’ordre et se regroupera dans la région de Laon.
Le
bilan humain
Les armées alliées annoncèrent 21 253 tués, blessés
ou disparus. Pour l’armée française, on compte 23 600 hommes hors de
combat. A ces victimes humaines, il faut ajouter plus de 12 000 chevaux tués.
En plus, le traité de Paris du 20 novembre 1815 impose à la France une armée de
150 000 personnes pour cinq ans et une indemnité de guerre de 700 millions
de francs.
En
conclusion : ce qui apparait fatal dans cette bataille est le manque
d’information sur les positions ennemies. Napoléon ne connaissait pas encore
les drones…
11) Dans ses mémoires, Napoléon reprochera à Grouchy
de ne pas avoir poursuivi l’armée Prussienne. Plus tôt, ce qui aurait changé la
face du combat. 12) Napoléon va commettre une erreur monumentale en croyant que
les Prussiens battus à Ligny font retraite vers leur pays, alors qu’ils vont rejoindre
les Anglais et attaquer l’armée française sur son flan droit.
Gérard Pinski